Dans de nombreux cas, les indicateurs utilisés pour évaluer les impacts environnementaux sont définis par des cadres extérieurs (appels à projets, financements publics, référentiels communs). S’ils peuvent être pertinents à grande échelle, ils ne reflètent pas toujours la réalité des pratiques mises en place dans les tiers-lieux. Pour cause, les unités de mesure de “référence” ne sont pas toujours adaptées : peu accessibles et difficiles à renseigner ou trop éloignées du fonctionnement opérationnel des lieux.
A titre d’exemple, dans le cadre de son projet Saisons Zéro au couvent des Clarisses, l’association Zerm s’interroge justement sur ce sujet. Dans ce “laboratoire de la frugalité appliquée”, le collectif teste et invente des façons alternatives de réhabiliter et d’habiter ce vaste bâti ancien de 6 500 m2, non chauffé, en mettant en oeuvre de nombreuses actions pour réduire les consommations énergétiques, améliorer la gestion des déchets et optimiser l’usage des ressources.
“Faisant de la pénurie de moyens une opportunité plutôt qu’une contrainte, ils démontrent avec acte la possibilité, voir la nécessité de dépasser le dogme dominant de l’isolation thermique et du chauffage par convection, convaincus qu’on a pas besoin de transformer un bâtiment en thermos pour l’habiter ni de chauffer son air intérieur pour produire du confort thermique. Plutôt qu’une norme absolue et universelle, le confort thermique est alors envisagé comme une réalité multiple et dynamique qui dépend du moment, du lieu et de ce que l’on y fait. “
Mais comment alors rendre compte des effets de cette démarche frugale quand le DPE du bâtiment indique E ?
Plutôt que de chercher à mesurer la performance énergétique en kWh/m²/an (i.e de manière absolue et décorrélée des critères d’occupations du bâtiment), une alternative consiste à la mesurer en kWh/habitant/an pour appréhender la performance relativement à ses occupants et au moyen d’utiliser le bâtiment. La donnée produite devient alors plus représentative de la réalité du projet, et bien plus à même de témoigner des pratiques sobres et ingénieuses mises en œuvre par le collectif.
Ainsi, prendre le temps de bien choisir ses indicateurs, et les unités de mesure associées, est essentiel pour s’assurer qu’ils rendent compte de ce que l’on souhaite réellement valoriser. Un bon indicateur est avant tout un indicateur compréhensible, accessible, cohérent et aligné avec les objectifs poursuivis !
Dans le tableau de suivi-évaluation adossé à l’article, pour chaque critères et effets recherchés, nous vous proposons un menu déroulant avec la possibilité de choisir :
- Des indicateurs accessibles et facilement récoltables, pour s’engager dans une première étape (en vert)
- Des indicateurs consolidés, plus difficile à récolter, pour aller plus loin dans le suivi-évaluation de ses effets (en bleu)
- Un champ modifiable pour ajouter vos propres indicateurs (en rouge)